Le Moi- Peau de Didier Anzieu

                                                                                                                                        

 

 

Dans cet ouvrage, Didier Anzieu présente de manière détaillée, étayée, le concept de Moi-peau, dont il est le père.

 

Les origines des notions d’enveloppes psychiques sont en lien avec Freud et sa proposition des 2 topiques, ainsi que d’Esther Bick (1968) et sa notion de peau psychique.

 

Par Moi-peau, il établit une formulation métaphorique, caractéristique d’un mode de penser psychanalytique.

 

Le Moi-peau est une représentation primaire et métaphorique du Moi, étayée sur la sensorialité tactile, dans un premier temps.

 

Il explique que toute activité psychique se tisse sur une fonction biologique.

 

Le Moi-peau trouve cet étayage sur les diverses fonctions de la peau (contenance, limite entre le dedans et le dehors, communication et échanges avec l’environnement).

 

Il enveloppe le psychisme comme la peau enveloppe le corps.

 

Il parle des enveloppes du Moi qui permettent de contenir les représentations, les affects, les ressentis. Ces enveloppes sont plurielles : visuelles, sonores, tactiles, olfactives, gustatives, de mémoire. La première peau, peau- première, est celle de la mère.

 

Il aborde aussi le fantasme de peau commune avec la mère, et le processus de séparation (avec les variantes narcissiques et masochistes).

 

Tout d’abord, il fait un point quant aux préliminaires épistémologiques, sur la notion de Moi-peau et sa psychogénèse, en s’inspirant notamment du mythe grec de Marsyas.

 

 

Dans un second temps, il revient sur les apports psychanalytiques de Freud et de Federn pour expliquer sa structure, ses fonctions. Pour Freud, ce sont les barrières de contact, le Moi comme interface et la structure psychique telle qu’il l’a modélisée, qui permettent une première compréhension du Moi-peau, et sa constitution. Pour Ferden, penseur des limites (comme ce qui permet à l’appareil psychique de faire la différence entre ce qui est à l’intérieur du psychisme et ce qui ne l’est pas), le sentiment du Moi comprend un sentiment mental et un sentiment corporel. De là, naît le troisième sentiment, celui des frontières fluctuantes entre le Moi psychique et le Moi corporel.

 

 

Il pose alors les 8 fonctions psychiques du Moi-peau, toujours en faisant le lien avec la peau/corps : maintenance (holding maternel), contenance (handling maternel), pare- excitation (protection de la couche sensible du psychisme), individuation du Soi (protection de l’individualité avec sentiment d’être unique, par la différenciation de ce qui est à soi et à l’autre), intersensorialité (reliance tactile entre des sensations différentes, ce qui permet de créer comme un tricot une pièce), le soutien de l’excitation sexuelle (les ressentis de la peau du bébé en lien avec l’investissement libidinal de la mère), la recharge libidinale (la peau comme surface de stimulation permanente du tonus sensori- moteur par les excitations externes, avec maintien de la tension énergétique interne) et l’inscription des traces sensorielles tactiles (renforcée par l’environnement et le biologique).

 

 

Il aborde également les troubles liés aux attaques du Moi-peau (le Moi- peau passoire, trouée, sac…), et ses causes.

 

Il explique de manière détaillée les altérations de la structure du Moi-peau dans les constructions narcissiques et état limites.

 

Il reprend également l’importance de l’interdit du toucher en psychanalyse, et des problématiques engendrées quand il n’est pas respecté.

 

Puis, il fait un point plus détaillé sur les différentes enveloppes sensorielles qui participent à la constitution du Moi-peau. Il parle d’une seconde peau musculaire (qui ressemblerait à la cuirasse musculaire de caractère de Reich), de l’enveloppe de souffrance (en s’appuyant notamment sur l’exemple des grands brûlés), et de la pellicule du rêve (comme un voile, un film).

 

 

 

Commentaires personnels

 

C’est un ouvrage incontournable en psychanalyse, selon moi.

 

Il aborde le psychisme, tel un corps, qui se constitue et fonctionne en similitude et en lien avec la peau du corps physique et la sensorialité ; je trouve cela très éclairant, et très juste.

Cette proposition d'un Moi-Peau permet de comprendre plus précisément les constructions psychiques, les blessures, et les enjeux dans le positionnement thérapeutique.